Assassin's Creed: Brotherhood of Venice Post Mortem - Ce qui s'est mal passé partie III
CE QUI S'EST MAL PASSÉ: 3. LANGUES ADDITIONNELLES
À l’origine, Assassin's Creed: Brotherhood of Venice était prévu uniquement en anglais et en français. La pression de certains backers pour avoir une version du jeu dans leur langue a fini par nous convaincre de proposer un pack de langue pour 3 nouvelles langues : allemand, espagnol et italien.
Chaque pack inclut les 849 cartes et les 5 livrets de la boîte de base et des 3 extensions, pour un total d’environ 65.000 mots et un poids de 2,5 Kg ! Le prix de ce pack à été fixé à 20 CA$ sur le Pledge Manager dans l’espoir de maximiser le succès du jeu, sachant que la fabrication de chaque pack a finalement coûté plus de 40 CA$, notamment parce que nous avons dû revoir fortement à la baisse les quantités à fabriquer. Et on ne parle ici que de la fabrication !
Actu #73 - nous indiquions qu'il faudrait au minimum 700 backers espagnols / italiens pour que nous fassions un pack dans leur langue (la langue allemande étant déjà proche de ce chiffre). Étant loin du compte à la fin de la campagne Kickstarter, nous avons continué de comptabiliser ces backers dans le Pledge Manager et de partager les chiffres dans chaque actu.
Actu #80 - Voici où nous en étions la dernière fois que nous avons partagé les chiffres :
Actu #81 - La raison aurait voulu que nous annulions ces 2 langues, mais nous espérions que ces packs aideraient à vendre le jeu après sa sortie. Nous avons donc annoncé que nous lancerions malgré tout la traduction et la production de 3 langues additionnelles.
Nous n’avons pas comptabilisé le temps de travail pour notre équipe sur ces 3 langues, mais nous y avons passé chacun plusieurs semaines. Laurence, Fabrice et moi avions des connaissances suffisantes dans chacune de ces 3 langues pour pouvoir comparer mot à mot chaque carte et phrase dans les livrets avec le texte d’origine et demander des corrections là où c’était nécessaire. Pour certaines langues, il y avait trop d’erreurs et nous avons décidé de faire appel à d’autres traducteurs / relecteurs pour faire une deuxième passe, la facture a donc doublé pour certaines langues. Enfin, Shannon, notre graphiste, a retravaillé la mise en page de toutes les cartes et livrets dans ces 3 langues, soit 2 547 cartes et 15 livrets ! Elle a été aidée dans sa tâche par le logiciel Redokun qui nous a fait gagner un temps précieux, y compris pour la traduction, mais pour le coût non négligeable de 2 500 CA$ à l’époque.
Finalement, nous avons fabriqué 750 packs en allemand, 350 en espagnol et 200 en italien, ce qui est une aberration : aucun éditeur / distributeur ne se lancerait dans la traduction d’un jeu pour produire des quantités si faibles ! Voici les chiffres des ventes combinées de la campagne Kickstarter et du Pledge manager : 554 packs allemand (85% des backers allemands ayant finalisé leur commande), 240 packs espagnol (99% des backers ayant finalisé leur commande) et 130 packs italien (83% des backers ayant finalisé leur commande). Ces packs de langues restants sont disponibles sur notre boutique en ligne depuis la sortie du jeu au prix de 69 CA$ (afin d’être à l’équilibre) dans les mois qui ont suivi la fin de la campagne. Au moment où j'écris cet article, il reste encore environ 10% de packs de chaque langue dans nos entrepôts.
En conclusion, nous avons dépensé environ 75 000 CA$ pour la fabrication, la traduction, la relecture et la mise en page pour environ 37 000 CA$ de ventes en supposant que nous arrivions à vendre TOUS les packs restants. Soit une perte nette de 38 000 CA$ dans le meilleur des cas. Même si la présence de ces packs de langue a pu permettre à certains de pledger alors qu’ils ne l’auraient pas fait en leur absence, l’économie globale de ces langues n’est pas soutenable pour une petite structure comme Triton Noir. Il y a donc très peu de chance que Triton Noir s’occupe de nouveau de la traduction de jeux (en dehors du français et de l’anglais), sauf si nous atteignons des chiffres raisonnables, soit environ 2 000 backers par langue. La solution classique pour traduire un jeu est généralement de trouver des éditeurs/distributeurs intéressés par la traduction et la distribution du jeu dans leur pays. Les éditeurs/distributeurs vendront ensuite les jeux aux boutiques de leurs pays. Ce n’est absolument pas possible pour Assassin’s Creed: Brotherhood of Venice édition collector dont le coût en magasin dépasserait les 500 CA$ ce qui ne ferait aucun sens.